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MOTIVA : permettre à chacun de trouver ses propres sources de motivation


Zwi Segal et Yves Duron* sont les co-fondateurs de Motiva, une gamme d’outils innovants édités aux ECPA (Groupe Pearson), basée sur les intérêts professionnels, la motivation et l’engagement. Ils expliquent à quel point les attentes des salariés ont aujourd’hui évolué et combien les entreprises peinent à y répondre, car chaque personne est unique : agir globalement sur la motivation est contre productif. Agir au niveau individuel est une nécessité.

Quand est né Motiva ?

Zwi Segal : nous y travaillons depuis plus de 20 ans. La première version date de 1991 exactement. Nous nous sommes rencontrés au CNRS et la motivation et l’engagement étaient déjà des sujets qui nous passionnaient. Mais la technologie, qui joue un rôle très important dans Motiva, n’était pas encore assez avancée. Cela fait maintenant 4 ans que nous avons mis au point la version actuelle, vraiment aboutie.

En quoi la technologie est-elle à ce point déterminante ?

Yves Duron : Un des éléments clés, c’est l’immédiateté des résultats pour le salarié (2 minutes à peine). Motiva n’est pas un simple baromètre, même s’il remplit aussi ce rôle. Quand les entreprises réalisent des études de satisfaction, dans 60% des cas, les salariés ne reçoivent pas de feedback. Là, ils savent tout de suite où en est leur niveau d’engagement et de motivation et ce qu’ils peuvent faire eux-mêmes pour améliorer la situation. Une réponse sous forme de « nous allons vous aider, mais voici aussi comment vous aider vous-même ».

Quelle est la spécificité de Motiva par rapport aux autres outils existants ?

Z.S. : c’est le premier outil qui traite de la motivation non uniquement sur le plan psychologique, mais aussi appliqué à la stratégie de l’entreprise. Motiva permet par exemple de déterminer si cette stratégie est en accord ou en désaccord avec l’esprit motivationnel des employés.

En vous écoutant, on a le sentiment que les salariés ont beaucoup changé, mais pas vraiment les employeurs…

Y.D. : Oui, les salariés ont évolué très vite. Leur vision du travail a changé, leur mode de vie, leurs besoins, leurs modes de communication, avec les réseaux so­ciaux notamment, et la crise bien sûr joue un rôle dans ces changements. Les entreprises elles aussi ont évolué, mais beaucoup plus lentement…

Z.S. : … Elles ont évolué comme des porte-avions sur l’océan, qui mettent du temps à virer de bord. Avant, il était possible de changer lentement. Plus maintenant. Il ne faut pas culpabiliser pour autant. Nous leur disons souvent : « ce n‘est pas votre faute, mais cette fois, il faut bouger ! »

Au-delà même du monde de l’entreprise, on a l’impression de vivre un choc sociétal.

Z.S. : Il y a eu trois grandes révolutions : la révolution agraire, la révolution industrielle et la révolution de l’in­formation. Depuis cette dernière, l’innovation, qui croît toujours plus vite, a entraîné de vrais bouleversements avec des impacts très forts sur l’économie, la vie de l’entreprise et donc la motivation des salariés.

Nous distinguons six phénomènes qui influent sur la motivation :

  • Le sentiment d’injustice sociale, qui engendre un manque de confiance vis-à-vis de l’entreprise.

  • Le besoin de développement personnel, d’un sentiment d’appartenance, qui donne du sens.

  • La révolution de l’information : on partage tout sur les réseaux sociaux. Quand un collaborateur est insatisfait, il le partage tout de suite, et l’entreprise ne peut pas réagir aussi vite.

  • Les besoins différents d’une nouvelle génération, pour qui l’argent par exemple peut être un facteur moins important si d’autres sources de satisfaction sont là.

  • Le renouvellement de la connaissance, qui s’accélère : 5 des 10 métiers les plus demandés en 2012 n’existaient pas 10 ans auparavant.

  • La crise économique : peut-être la pire qu’ait connue l’humanité, avec une classe moyenne en train de disparaître…

Vous parlez du rôle de l’injustice sociale, mais pour autant, les augmentations de salaire ou les primes ne semblent plus être le principal ressort de la motivation.

Y.D. : ça peut être une compensation, mais ce n’est pas suffisant aujourd’hui, ça ne règle pas tout. Une augmentation ou une prime ont un effet court dans le temps sur la motivation : on l’estime à 2 semaines. Dans les entreprises, on est de toute façon passé d’une économie de l’abondance à une économie de la pénurie. Et il y a d’autres ressorts plus importants. Motiva permet de trouver ces ressorts, qui ne sont pas les mêmes pour chacun, en aidant les collaborateurs à cerner leurs propres motivations.

Mais si la motivation est différente pour chacun et que l’on ne peut apporter de réponse collective, comment agir efficacement ?

Z.S. : Il est possible d’apporter des solutions collectives, mais dans un second temps. En premier lieu, il faut commencer par un travail sur le développement personnel de chacun et ensuite on peut continuer avec une vision d’ensemble. Motiva permet, grâce à plusieurs outils, de travailler en profondeur et d’apprendre à se connaître dans le cadre de l’organisation mise en place dans son entreprise.

Y.D. : Ce qui est frappant avec Motiva, c’est que dans de nombreux cas, les collaborateurs discutent ensuite entre eux, résultats en mains, de leurs motivations respectives. Et parler, c’est déjà un point très fort. Le sujet de la motivation n’est alors plus un tabou, une bonne partie du chemin est fait.

* Zwi Segal, Co-fondateur de Motiva, Président de la HR Academy, Docteur en psychologie du Travail (Université René Descartes) et Professeur en Ressources Humaines. Il a été doyen de la Bu­siness School de l’Université de Derby en Israël.

Yves Duron, co-fondateur de Motiva, Président de Nextmodernity, Psychologue du Travail & Psychosociologue (Université René Descartes) a travaillé au CNRS en tant que psychologue.

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